Nos constats en Europe

Statut côté européen

Au niveau européen, une entreprise sur quatre aurait été contrainte de baisser sa production suite à des problèmes de recrutement, analyse le European Trade Union Institute, un laboratoire de recherche européenne

La Commission européenne vient de publier son rapport 2023 sur l’évolution de l’emploi et de la situation sociale en Europe (ESDE)

Dans le cadre de l’Année européenne des compétences, ce rapport ESDE est particulièrement axé sur l’analyse des pénuries de main-d’œuvre et des déficits de compétences, et présente des politiques destinées à y remédier.

Les principales conclusions du rapport concernant l’année 2022 sont les suivantes:

  • On observe des pénuries de main-d’œuvre dans différents secteurs et professions à tous les niveaux de compétences, et ce phénomène devrait se renforcer.

Les pénuries de main-d’œuvre persisteront aussi bien dans les professions hautement qualifiées que dans les professions peu qualifiées; elles seront accentuées par la création de nouveaux emplois et par la nécessité de remplacer les travailleurs partant à la retraite.

Des secteurs tels que la construction, les soins de santé et les STIM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques), en particulier les TIC (technologies de l’information et de la communication), ont été parmi les plus touchés en 2022.

Ces pénuries augmenteront probablement sous l'effet de la baisse de la population en âge de travailler, laquelle devrait passer de 265 millions en 2022 à 258 millions à l'horizon 2030. Le rapport ESDE 2023 porte en outre sur les mesures envisageables pour remédier aux pénuries de main-d'œuvre et résorber les déficits de compétences. Parmi ces mesures figure notamment celle-ci :
  • Promouvoir une migration de main-d'œuvre ciblée en provenance de pays tiers en vue de réduire les pénuries de main-d'œuvre dans certains domaines de compétences.
Attirer des personnes de pays tiers possédant les compétences nécessaires compte parmi les principaux objectifs de l'Année européenne des compétences, et la Commission présentera une initiative ayant pour objet d'améliorer la reconnaissance des qualifications des ressortissants de pays tiers et de nouer, avec certains pays tiers partenaires, des partenariats destinés à attirer les talents.
En France, déjà en novembre 2021, le Conseil d’analyse économique (CAE) pressait le gouvernement à adopter des mesures pour attirer la main-d’œuvre étrangère très qualifiée, sans quoi il compromettrait les chances de croissance de l’économie française. Une politique qui a, d’ores et déjà, porté ses fruits en Allemagne – pays d’Europe qui attire le plus de travailleurs qualifiés de l’Union européenne et du reste du monde – et qui a su séduire les migrants qualifiés par sa politique d’intégration des réfugiés. En juin 2023, le gouvernement allemand d'Olaf Scholz a présenté un projet de loi visant à assouplir les règles d'obtention de visa et permis de travail pour les ressortissants de pays hors-UE. Il ne sera par exemple bientôt plus nécessaire de présenter un contrat de travail pour s'installer dans le pays, ceci devant être remplacé par un système de points mesurant le "potentiel" d'intégration des candidats, sur le modèle de ce que pratique déjà le Canada.
Pour remédier à ce problème, le gouvernement fédéral allemand souhaite favoriser l’immigration de personnes qualifiées et attirer des talents provenant de pays extérieurs à l’Union européenne. « L’immigration et la liberté de circulation dans l’Union européenne nous ont aidés et nous ont amenés là où nous nous trouvons aujourd’hui », a indiqué M. Scholz. « Aujourd’hui, cependant, cela ne suffit plus », a-t-il précisé, affirmant qu’il fallait aller voir au-delà des frontières européennes. Scholz a également établi une comparaison avec le « miracle économique »des années 1950 à 1970, au cours desquelles l’Allemagne s’est fortement appuyée sur les « travailleurs invités », soit plus de 14 millions d’immigrés venus de pays tels que l’Italie, la Turquie, l’Espagne et la Grèce, dont 11 millions sont ensuite retournés dans leur pays d’origine. « Nous l’avons déjà fait en Allemagne lorsque la pénurie de main-d’œuvre était importante », a indiqué M. Scholz, « et nous le ferons à nouveau ». « Nous sommes depuis longtemps un pays d’immigration », a-t-il ajouté, ce qui permettra à « notre économie et à notre prospérité de continuer à croître ».